La chance — Français

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

La chance

C’est l’histoire d’un jeune homme qui trouvait qu’il n’avait pas de chance. Il s’est dit que, pour trouver sa chance, il n’avait qu’à aller voir le grand sage lui-même et lui demander où était sa chance. Ainsi il était sûr de ne pas se tromper. 

Mais le problème était de savoir où le grand sage habite, ou de rencontrer quelqu’un qui était parti chez le grand sage, qui en était revenu et qui avait eu la présence d’esprit de faire le plan de la route. Il a choisi la deuxième solution, il a marché longtemps, et il a rencontré quelqu’un qui était parti, qui avait vu le grand sage, qui était revenu et qui avait eu la présence d’esprit de faire un plan de la route. Et comme il avait vu le grand sage, il était généreux, et lui a donc donné le plan. Le jeune homme a alors entrepris d’aller voir le grand sage.

Il marche très longtemps et il arrive dans une forêt. Arrivé dans la forêt, qu’est-ce qu’il voit ? Il voit un lion, et il prend peur. Le lion lui dit : « N’aie pas peur, je ne te mangerai pas, je t’assure, je ne te mangerai pas. Regarde-moi, cela fait six mois que je ne mange pas. »

Il a regardé le lion et, effectivement, le lion était très maigre, mais il s’est rappelé quelques proverbes. Il y en a un qui dit, par exemple, que « quand tu attaches la chèvre à l’herbe ou quand tu attaches l’herbe à la chèvre, c’est l’herbe qui est toujours mangée ». Un homme a beau être fort, il est petit devant un lion. Le lion lui disait : « Mais je t’assure que je ne te mangerai pas... »

Il finit par dire au lion : « Ah bon, vous, les lions, vous avez des problèmes, alors ? »

Le lion lui répond : « Tout ce qui vit a des problèmes. Et comme les animaux vivent, les animaux aussi ont des problèmes. » Alors le jeune homme dit : « Ça tombe bien, parce que je vais voir le grand sage pour lui demander où est ma chance ; je peux demander au grand sage ce que tu dois faire pour retrouver ton appétit. »

Le lion : « Tu ferais ça pour moi ? »

Lui : « Bien sûr, je ferai ça pour toi, parce que, comme je serai chez le grand sage, cela ne me coûtera rien. »

Le lion lui dit : « Je t’attendrai ici. » Le lion s’est assis et le jeune homme a continué sa route.

Comme il était fatigué, il s’assoit à l’ombre d'un arbre et s’adosse contre lui. A peine s’est-il adossé que l’arbre lui dit : « Hé, oh ! Ne t’adosse pas à moi comme ça, tu vas me faire tomber ! »

Le jeune homme regarde l’arbre et lui répond : « Mais tu es un arbre tellement solide ! »

Mais l’arbre dit : « J’ai l’air solide. Vous, les êtres humains, l’apparence vous trompe tellement. Regarde bien mes feuilles. Si tu avais regardé, tu aurais vu que je suis malade. »


Il regarde les feuilles de l’arbre, et il dit : « Ah bon, vous aussi les arbres, vous avez des problèmes, alors.

L’arbre lui dit : « Tout ce qui vit a des problèmes, et comme les plantes vivent, les plantes aussi ont des problèmes. »

« Ça tombe bien, répond le jeune homme, je vais voir le grand sage pour lui demander où se trouve ma chance ; je peux demander au grand sage ce que tu dois faire pour guérir. »

L’arbre : « Tu ferais ça pour moi ? »

« Bien sûr que je ferai ça pour toi puisque cela ne me coûtera rien. »

L’arbre lui dit : « Je t’attendrai ici ; de toutes les manières, je n’ai pas le choix. »

Le jeune homme a continué sa route. Il arrive près d’une grotte. Il entend des sanglots dans la grotte, et là, il voit une femme très jolie, extrêmement jolie. Il lui dit : « Mais comment une aussi jolie femme peut être aussi triste que tu es ? »

Elle répond : « Je suis jolie mais je suis seule. »

« Ah bon, tu es seule et triste ? »

Elle : « Oui, la preuve. »

Lui : « Ça tombe bien, je vais voir le grand sage pour lui demander où se trouve ma chance; je peux demander au grand sage ce que tu dois faire pour être heureuse. »

La femme : « Tu ferais ça pour moi ? »

Lui : « Bien sûr que je ferai ça pour toi puisque cela ne me coûtera rien. »

Il poursuit son chemin, et arrivé chez le grand sage, il frappe à la porte. Le grand sage dormait. Oui, vous riez, mais quand on voit ce qui se passe sur la Terre, des fois, on se dit qu’il dort même d’un sommeil profond.

Et le grand sage se réveille enfin : « Bonjour toi, qu’est-ce que tu veux ? »

« Je suis venu pour chercher ma chance, mais sur la route j’ai rencontré un lion qui n’avait pas d’appétit, ensuite j’ai vu un arbre qui était malade, puis une femme qui était seule et triste. »

Le grand sage répond : « On va commencer par la femme. Tu diras à la femme que pour qu’elle soit heureuse, elle n’a qu’à se marier avec le premier homme qu’elle rencontrera : elle sera très, très heureuse, et l’homme sera très, très heureux.

Et tu diras à l’arbre que c’est quelqu’un qui a enterré une caisse pleine d’or en dessous de ses racines, et que c'est cette caisse d'or qui l’empêche de se nourrir : si on enlève la caisse, il se nourrira et il guérira.

Et tu diras au lion que pour qu’il retrouve l’appétit, il n’a qu’à manger le premier idiot qu’il rencontrera : alors il retrouvera son appétit. »

Alors le jeune homme demande au grand sage : « Mais, et moi alors, qu'est-ce que vous me dites ? »

Le grand sage : « Mais pour toi, c’est encore plus simple, cours, ta chance est devant toi. »

Alors il se mit à courir : « Ma chance est devant moi, ma chance est devant moi, ma chance est devant moi ! »

Il arrive auprès de la femme. La femme lui dit : « Alors, tu as vu le grand sage ? » Il lui répond : « Tu n’as qu’à te marier avec le premier homme que tu rencontreras, tu seras très heureuse et l’homme sera très heureux. » La femme : « Tu es le premier homme que je rencontre, on n’a qu’à se marier tous les deux. » Mais lui : « Non, ma chance est devant moi... »

« Ma chance est devant moi, ma chance est devant moi, ma chance est devant moi ! »

Il court, et il arrive auprès de l’arbre.
L’arbre lui dit : « Alors, tu as rencontré le grand sage ? »

« Oui. C’est quelqu’un qui a enterré une caisse pleine d’or dans tes racines ; cette caisse d’or t’empêche de te nourrir, il suffit qu’on enlève cette caisse et tu te nourriras et tu guériras. » L’arbre lui dit : « Mais enlève la caisse et garde-la avec son contenu. »

« Tu crois que je suis fou ? Alors que ma chance est devant moi ? Je n’ai pas de temps à perdre ! »

« Ma chance est devant moi ! Ma chance est devant moi ! Ma chance est devant moi ! Ma chance est devant moi ! »

Et il arrive auprès du lion. Le lion lui dit : « Alors, tu as vu le grand sage ? » « Oui, j’ai vu le grand sage, mais pour toi, ça va être plus compliqué. »

Le lion : « Pour moi ça va être compliqué ? Pourquoi ça va être compliqué ? »

« Le grand sage a dit que, toi, tu n’as qu’à manger le premier idiot que tu rencontreras et tu retrouveras ton appétit, mais cet idiot, où vas-tu le rencontrer ?... »

Et le lion a retrouvé son appétit en le mangeant.

C’est pourquoi il serait sage d'apprendre à saisir la chance que nous avons devant nos yeux ; des fois, nous la négligeons pour la chercher plus loin et nous tombons alors dans la gueule des lions.